Le 13 octobre 1967, le général de Gaulle s'entretient, comme il fait souvent, avec son conseiller Jacques Foccart. Il est mécontent. Un vent de fronde souffle sur le Parlement et il trouve que son Premier ministre, Georges Pompidou, manque de fermeté. Il annonce tout à trac qu'il veut dissoudre l'Assemblé et il ajoute: «Pompidou, maintenant, c'est terminé. Je vais le démissionner. Je ne peux pas continuer comme cela.» Et comme Foccart proteste, le général le coupe: «Il n'exécute pas ma politique, traficote tout le temps il arrange les choses. Or il n'est pas là pour arranger les choses. Mais, voyez-vous, il n'a pas de couilles» I.
Si l'on devait trembler chaque fois que de Gaulle s'assombrit parce qu'en Conseil deux ministres chuchotent, ou quand un membre du gouvernement projette un voyage («C'est du tourisme !» s'écrie-t-il) ou parce qu'une légère entorse est faite au protocole, on risquerait en permanence l'infarctus. Il faut que de Gaulle passe ses nerfs sur quelqu'un et le Premier ministre, quel qu'il soit, est aux premières loges.